La guerre civile espagnole de 1936

pas pleurer

Pas pleurer de Lydie Salvayre. Ed. du Seuil / Points, 2015.

Un récit autobiographique à trois voix sur la guerre civile espagnole de 1936 qui opposa les républicains aux nationalistes et qui eut une influence considérable sur le déclenchement de la Seconde guerre mondiale avec l’arrivée du fascisme en Espagne à travers l’insurrection militaire (et religieuse) menée par le général Franco.

L’aspect historique piquant

Je connaissais que trop peu cette partie de l’histoire, et cette approche à trois voix m’a permis de l’appréhender très facilement. Ces trois voix, ce sont celle de la narratrice, de sa mère à l’hiver de sa vie qui lui raconte son adolescence pendant cette guerre, et celle de Georges Bernanos à travers toujours la narratrice, un écrivain français et auteur des Grands Cimetières sous la Lune profondément marqué par les exécutions dont il a été témoin à Majorque.

Les deux témoignages directs ont comme point de convergence une dénonciation acide de l’Église tenue en partie responsable de la montée du fascisme en Espagne et plus globalement en Europe. 

Le récit va insister sur la montée en puissance du nationalisme. Ce point de l’histoire trouve un triste écho dans l’actualité…

La narratrice : « il me semble que je commence à le savoir.  Il me semble que je commence à savoir ce que le mot national porte en lui de malheur. Il me semble que je commence à savoir que, chaque fois qu’il fut brandi par le passé, et quelle que fût la cause défendue (Rassembement national, Ligue de la nation française, Révolution nationale, Rassemblement national populaire, Parti national fasciste…), il escorta inéluctablement un enchaînement de violences, en France comme ailleurs. L’histoire sur ce point abonde en leçons déplorables. » (p.76)

Montse, une mère attachante

Le personnage de Montse est poignant dans ce qu’il a d’authentique. La narratrice a gardé erreurs de traduction et langue maternelle lorsqu’elle rapporte les paroles de sa mère, cette mère d’aspiration libertaire, révolutionnaire, qui est incapable de se souvenir de sa vie après 1937, spontanée, qui rit et prend plaisir à proférer des insultes, comme si la maladie d’Alzheimer lui permettait de libérer la révolution qu’elle a toujours tu.

La musicalité du récit 

Les mots sont authentiques et de nombreux sonnent comme des refrains. «Depuis son retour de Lérima, José n’est plus le même » au début du récit résonnent comme un tocsin qui annonce un changement révolutionnaire que José, le frère de Montse, vient apporter dans un village d’habitants qui se confondent avec le sol et s’enferment dans la langueur de la routine :

« trouver un mari : sujet n°1 des conversations auxquelles icelles s’adonnent en montant et descendant la Gran Calle, puis la remontant et la redescendant, puis la reremontant et la reredescendant » (p.27-28)


Pas pleurer, Prix Goncourt 2014, et première fois que je lis un livre primé au Goncourt que j’apprécie à la fois pour l’histoire et pour la plume.

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